Timimoun la flamboyante, l’ensorceleuse, la ville rouge… Les adjectifs ne manquent pas pour qualifier ce petit bout du désert très apprécié par les touristes qui l’ont déjà choisi comme destination de vacances.
Le Gourara est sans conteste, l’une des régions touristiques d’Algérie les plus singulières par son charme, ses ksour et ses luxuriantes palmeraies. Timimoun est aussi propice à la méditation, à l’éveil spirituel et à la découverte de soi. Le silence de ce lieu hors du commun permet de se ressourcer, de reposer son corps et son esprit avec des paysages fabuleux. Situé entre le grand erg occidental et le plateau démesuré de Tadamait à plus de 1200 km d’Alger, le visiteur peut contempler des siècles d’histoires des ksours et des paysages pittoresques à vous faire aimer la nature. Son architecture arabo-soudanaise, typique de la région, a inspiré des villes du Sahel tels que Tombouctou et Djenné. Les éléments principaux entrant dans la construction sont l’argile, la paille et le tronc du palmier. La ville domine la Sebkha qui est l’ancien site de ce qui fut autrefois tantôt un fleuve, tantôt une étendue lacustre. Ce bassin a reçu par phases successives de nombreux sédiments et est riche en fossiles et en hydrocarbures.
Bercé par les rythmes de l’Ahellil…
Timimoun, c’est aussi des sons à écouter religieusement. Le touriste est bercé par les rythmes de l’Ahellil, un genre musical et poétique des zénètes du Gourara pratiqué lors de cérémonies collectives, de fêtes religieuses et de pèlerinages, mais aussi à l’occasion de réjouissances profanes telles que mariages et foires locales. L’Ahellil du Gourara a été inscrit en 2008 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. A l’occasion de visites de hautes personnalités, l’Ahellil est souvent pratiqué. La participation à l’Ahellil nécessite une longue pratique du chant, une connaissance du répertoire poétique ainsi qu’une maîtrise du corps et de la gestuelle (maintien droit, souplesse, retenue, pas de gestes brusques qui sont contraires aux règles…). Il faut noter à ce sujet que ces maîtres étaient souvent des femmes d’un certain âge et on dit toujours au Gourara que les véritables connaisseurs de l’Ahellil (les textes poétiques) sont les femmes. Le prétendant est contraint à un véritable parcours initiatique qui le mène du statut d’apprenant passionné à celui de connaisseur et enfin de maître à son tour. Cependant, selon l’Unesco «cette tradition est menacée dans la mesure où les occasions de l’exécuter sont de moins en moins nombreuses. Ce déclin est lié à la raréfaction des fêtes traditionnelles exigeant de longs préparatifs, à la migration des jeunes vers les villes et à la multiplication des enregistrements d’Ahellil que les gens préfèrent écouter plutôt que de participer à une séance». La relance du tourisme national pourra lui redonner une seconde jeunesse.
… Et shab el Baroud
Il y a aussi le Barûd, une sorte de ballet qui se danse avec des fusils sur le son du tambour. Il se joue toujours en plein air, soit en marchant par groupe ou en file indienne, mais sa forme la plus hautement esthétique c’est quand il se joue dans un lieu fixe, et dans une disposition circulaire. Il est appelé barûd (poudre) parce que sa caractéristique principale, et sa finalité, c’est de «faire parler la poudre». « S’hab El Baroud enflamment les passions dans une atmosphère d’allégresse. Ils manient leurs armes avec une adresse et une assurance proprement ahurissante.
La couleur ocre de la ville lui ajoute un charme supplémentaire. Cet ocre si particulier qui pare les maisons, les édifices publics et même les monuments aux morts, resplendit dans la lumière, contraste superbe avec le sable d’or et le bleu du ciel. C’est un produit d’appel pour les touristes algériens. Certains investisseurs ont réalisé leurs projets. Timimoun est une ville d’accueil, de tolérance et ouverte mais surtout une ville authentique. L’offrande du lait et des dattes est un geste rituel pratiqué en guise de bienvenue. La cérémonie des trois thés est un rituel généralement apprécié de tous. Le thé versé dans des verres et non dans des tasses, est bu très chaud, par petites gorgées. Le tourisme n’est pas seulement un décor, c’est avant tout un peuple et la chaleur de son accueil. La grande duchesse du Luxembourg est tombée sous son charme durant sa visite en 1926 à l’occasion de l’inauguration de l’hôtel Transatlantic.
Le miracle des foggaras
Dans les oasis, on y découvre la foggara, un ingénieux système d’irrigation. La foggara est une canalisation souterraine construite pour alimenter les jardins lorsqu’il n’est pas possible de creuser des puits. C’est un boyau de 2 à 10, voire 15 km de développement et de 1 m à 1,20 m de diamètre, ce qui permet le déplacement d’un homme courbé lorsqu’il faut effectuer des travaux d’entretien. L’eau qui sort des foggaras est canalisée à l’air libre par des petits canaux, des «seguias», jusqu’à un peigne, une sorte de répartiteur dont les branches plus ou moins écartées permettent à chacun de recevoir la quantité d’eau à laquelle il a droit au prorata des capitaux investis. Le curage se fait une fois par an au moins. Une partie du produit des travaux d’amélioration est laissé à celui qui les entreprend selon une clef de répartition établie au départ, le «kiel el ma» ayant en charge la vérification du bon fonctionnement de l’ensemble de la répartition. Chaque propriétaire stocke son eau dans un bassin ou Majen qu’il assèche selon les besoins de ses cultures.
Le Sboue, attraction touristique
Timimoun peut proposer aux touristes étrangers un « tourisme différents» d’autant plus que le tourisme saharien est devenu une priorité pour le ministère du tourisme et de l’artisanat. La célébration de la naissance du Prophète de l’Islam (QSSSL) donne lieu à une fête extraordinaire, le «sboue». Après une tournée des quatre grands marabouts locaux, une foule, entre 35 000 et 40 000 personnes, converge le septième jour vers le tombeau de Sidi El Hadj Belkacem. Les étendards flottent, le baroud tonne. Des troupes folkloriques et notamment les «Esshab El baroud», les chameliers et les troupes de tbal font le show. L’ambiance est à la danse, chants et spectacles en tous genres. En fait, il s’agit d’une très ancienne manifestation : des dizaines de milliers de pèlerins affluent vers Timimoun dont des membres de tribus sahariennes qui viennent se rencontrer, résoudre des conflits et resserrer leurs liens sociaux dans une atmosphère de liesse et de longues récitations des textes du Livre sacré. Les agences de voyages nationales qui encourage le réceptif proposent une offre alléchante à tous les segments du marché domestique.
Principaux sites touristiques
Le ksar d’Ighzer dont la fondation par Sidi Mansur remonte au début du 15ème siècle, a gardé la forme générale qu’il avait au moment de sa construction par les berbères et constitue donc un trésor architectural de grande valeur. La grotte mystérieuse creusée au pied de la colline occupée par le ksar, la grotte mystérieuse naturelle s’enfonce de 80 m dans le grès tendre appelé «Tafza». Large de 8 m et haute de 7 m en tête, elle se rétrécit au fur et à mesure que l’on y pénètre pour se terminer en forme de boyau. Fraîche en été et tiède en hiver, la grotte constitue un refuge appréciable contre les rigueurs climatiques.
M’hamed Selkh, président de l’Office du tourisme de Timimoun, qualifie la région de «huitième merveille du monde». Exagération ? Imagination fertile ? Il faut y avoir mis les pieds pour mesurer la signification profonde de cette déclaration. «Il y aurait tant de choses à dire, beaucoup d’écrivains ont déjà, et de belle façon, écrit des choses si admirables sur la région que l’on ne peut guère que s’inspirer de leurs textes», dira-t-il.
La route des Ksours
Il y a aussi le fort de Tinerkouk, connu des habitants par «El Bordj», d’une superficie de 700 m2 et construit en 1957. Il s’élève à 379 m d’altitude, soit 21 m au-dessus du ksar de Zaouïet Debagh. Il a été restauré dans le cadre de la réalisation du projet, initié par l’Unesco, «la route des ksour» qui vise en fait à associer la préservation du patrimoine des ksour à la dynamisation des économies locales par le tourisme en tant qu’activité complémentaire, démontrant ainsi que le désert peut être synonyme de vie, de richesse, de développement, de progrès et de solidarité pour les peuples du désert et pour l’humanité. Chaque escale au Gourara est une invitation à la découverte. Timimoun exerce une forte fascination et une pittoresque magie qu’on ne peut exorciser qu’en couchant des mots sur du papier. Une découverte permanente dans le moindre frémissement. Jamais le même paysage, ni la même vision. Une fascination qui perdure et n’est pas près de s’arrêter.