Avant de mettre en avant le développement et les chiffres enregistrés par son pays en matière de tourisme, le premier représentant diplomatique de la Turquie en Algérie insiste sur les relations historiques entre l’Algérie, et la Turquie. Pour lui, les deux pays, partagent une histoire commune et des valeurs similaires.
Votre excellence, la Turquie est un grand pays touristique. Peut-on connaître les grands axes de développement et les chiffres de ce secteur ?
La Turquie est l’un des pays les plus visités dans le monde. Durant l’année 2017 nous avons accueilli plus de 32,4 millions de touristes. Pour 2018, près de 40 millions de touristes étrangers ont visité la Turquie soit, une hausse de 21,84% par rapport à 2017. Le tourisme est l’un des principaux secteurs de l’économie de notre pays, il représente 3,1 % de notre PNB. Les recettes du tourisme étaient à la hauteur de 26,2 milliards de dollars en 2017.
Des statistiques intéressantes qui vont certainement connaitre une hausse avec l’ouverture du nouvel aéroport d’Istanbul, inauguré récemment par le président Recep Tayyip Erdoğan. Justement quel va être, selon vous, son apport pour l’attractivité de la Turquie en général et la dynamisation du transport aérien en particulier ?
Au-delà d’être une destination attractive pour les touristes, la Turquie jouit également d’une localisation géographique très avantageuse. Si vous prenez une carte du Monde, vous remarquerez que la Turquie se trouve au point d’intersection des trois continents, l’Europe, l’Asie et l’Afrique.
Grace à cette localisation, il est possible de voyager d’Istanbul par un vol d’une durée maximum de 4 heures dans une soixantaine de pays, qui possèdent un quart du PIB mondial.
L’Aéroport d’Istanbul est donc un atout important pour réaliser le potentiel qu’on a dans ce domaine. Le nouvel aéroport va relier 300 destinations et après l’achèvement de tous les terminaux planifiés, il offrira une capacité de passagers dépassant les 200 millions par an.
Il faut aussi prendre en compte les connexions offertes par Turkish Airlines. Notre compagnie aérienne est la première au niveau mondial qui dessert le plus grand nombre de pays. Elle assure la connexion avec 120 pays à partir d’Istanbul. Dans ce contexte, le nouvel aéroport avec ses capacités énormes jouera un rôle essentiel pour la poursuite du succès de Turkish Airlines au profit des passagers.
Les Algériens choisissent chaque année Istanbul et Antalya pour passer leurs vacances d’été ? Quel est le secret de cette belle performance ?
Il y a plusieurs facteurs qui jouent un rôle à cet égard. D’abord, il y a des affinités historique, culturelle et religieuse entre nos peuples frères. On partage une histoire commune, des valeurs très similaires.
Les Algériens se sentent comme chez eux quand ils visitent la Turquie. Et nous les turcs nous sommes bien connus dans le monde pour notre hospitalité, une autre similarité avec la culture algérienne.
Ensuite, Istanbul offre une expérience unique à nos frères et sœurs algériens avec toute sa beauté naturelle, son paysage et ses sites historiques et religieux. C’est une ville cosmopolite et la seule au monde qui se trouve sur deux continents. D’ailleurs le détroit d’Istanbul (NDLR le Bosphore) est, à lui seul une attraction et une beauté naturelle qui amplifie la valeur de cette ville millénaire. Antalya qui se trouve au sud sur les côtes méditerranéennes de la Turquie, est sur le même parallèle géographique qu’Alger. Cette ville avec ses centaines d’hôtels allant des pensions de famille jusqu’aux « 5 étoiles » avec des tarifs compétitifs et formules « tout compris », offre des possibilités d’hébergement pour tous les budgets.
En plus l’intérêt que suscite cette ville pour les algériens, est le nombre de vols directs quotidiens à partir d’Alger opérés par Turkish Airlines et Air Algérie, pendant la période estivale.
Lors de la célébration des 30 années de présence de la Turkish Airlines en Algérie, vous avez salué le rôle de cette compagnie ainsi que des agences de voyages. Qu’avez-vous à nous dire à ce sujet ?
Turkish Airlines est la compagnie aérienne qui dessert le plus grand nombre de pays dans le monde. Cela est rendu possible par le fait que la direction visionnaire de cette compagnie n’a jamais hésité à investir davantage dans sa flotte et dans son capital humain.
C’est dans cet esprit que Turkish Airlines effectue 5 vols par jour vers l’Algérie, 3 vols pour la capitale, un vol pour Constantine et un autre pour Oran.
Il ne faut pas oublier aussi le fait que Turkish Airlines était une des rares, sinon la seule compagnie aérienne étrangère à avoir poursuivi ses vols pendant la décennie noire. La relation de confiance, les relations d’amitié et de fraternité ainsi qu’une coopération étroite avec Air Algérie sont les facteurs importants de la réussite de Turkish Airlines.
Une souplesse dans la délivrance des visas a contribué à mieux connaitre votre pays. Pouvez-vous nous donner des informations à ce sujet, et des chiffres ?
On a introduit depuis quelques années une procédure simplifiée de visas pour nos frères algériens. Les algériens âgés de plus de 35 ans et ceux qui ont moins de 18 ans, peuvent demander un e-visa sur internet. La seule condition pour l’obtention de l’e-visa, c’est la possession d’une carte de crédit. Donc en réalité c’est une simple démarche bureaucratique comme la demande d’un passeport qui rend le système de visa très facile. Les algériens peuvent aussi déposer une demande de visa en organisant eux même au niveau des bureaux de VFS qui se trouvent à Alger, à Oran et à Constantine. Les algériens qui voyagent en Turquie avec les Agences de Voyages, peuvent déposer leur demande de visa via ces agences.
A travers ce système aux multiples possibilités, tous les algériens qui souhaitent visiter la Turquie peuvent avoir leur visa en cinq minutes sur internet et dans un délai maximum de 4 jours à partir des bureaux de VFS.
C’est suite à cette procédure simplifiée que la Turquie est devenue la deuxième destination touristique préférée des algériens dont 220 milles ont visité notre pays en 2017, avec une augmentation de 20% par rapport à 2016 et pour cette année on estime que le nombre total des visiteurs algériens sera plus de 250 milles.
Les échanges touristiques ont permis de raffermir les liens culturels entre les deux pays. Êtes-vous de cet avis ? Avez-vous des exemples à nous donner sur cet aspect ?
Un de nos objectifs en facilitant la délivrance des visas pour les algériens, était d’accroître les échanges humains et culturels entre les deux peuples amis et frères. Je suis ravi de voir qu’en visitant la Turquie, les algériens non seulement découvrent les beautés de notre pays mais aussi les similarités entre nos peuples, nos traditions et nos cultures.
Concernant le lien culturel pour les algériens envers la Turquie, je voudrais faire une référence à une description que j’ai lue dans un guide touristique récemment « Istanbul, La Perle du Bosphore ». Dans ce livre, l’auteur a décrit qu’aller en Turquie était comme aller rendre visite à un parent éloigné dont la trace a été perdu pendant une longue période et qu’on serait ravi de retrouver de nouveau. Cette phrase explique mieux pourquoi les algériens sentent une forte affinité avec la Turquie lors de leur voyage.
Pour compléter, je voudrais aussi faire part de notre souhait de voir les touristes turcs visiter le pays frère, l’Algérie. En fait, le patrimoine culturel et historique de la Casbah avec la Mosquée Keçiova (Ketchaoua) récemment rénovée, les palais et autres monuments de l’époque ottomane, sont des aspects qui peuvent attirer l’intérêt des touristes turcs. Il ne faut pas oublier les beautés naturelles du Sahara. Comme nous n’avons pas un désert en Turquie, le Sud Algérien serait très attractif pour les turcs. Pour concrétiser cette idée, une simplification et plus de flexibilité pour les visas seraient nécessaires.