Dès son installation à la tête du ministère du tourisme, de l’artisanat, M. Didouche Mokhtar a investi le terrain en programmant des sorties et rencontres inopinées, avec tous les acteurs de son département. Un grand défilé qui lui a permis de cerner les forces et les faiblesses d’un secteur qu’il connait déjà et qui tarde à décoller, malgré les grandes potentialités que connait le pays. Pour lui, le développement du tourisme et la promotion de la destination Algérie passe par un positionnement durable dans les marchés internationaux du voyage, notamment dans le bassin méditerranéen. Un message clair qu’il essaye de transmettre pour faire du tourisme l’autre levier économique et social du pays
Propos recueilles par Abdelghani Talbi
Le Ministre, les préparatifs de la saison estivale 2023 ont débuté assez tôt cette année. Peut ont connaitre la stratégie adoptée pour sa réussite ?
Compte tenu des retombées sur le double plan économique et social de la saison estivale, le gouvernement accorde à cette activité une importance particulière. L’objectif étant bien entendu de permettre au plus grand nombre possible de nos concitoyens de passer des vacances agréables et enrichissantes dans le pays et d’offrir également aux régions côtières l’opportunité de bénéficier des dividendes économiques qui en découle.
Sur un autre registre il faut rappeler que la saison estivale est une activité phare du tourisme domestique, lequel tourisme domestique, faudra-t-il le rappeler, est inscrit comme une priorité dans le programme de Monsieur le Président de la République.
Il y a eu l’implication de plusieurs secteurs liés à l’activité touristique…
Tout à fait, il a été procédé à la mise en place d’une commission nationale présidée par Monsieur le Ministre de l’intérieur des collectivités locales et de l’aménagement du territoire, et regroupant l’ensemble des secteurs concernés directement ou indirectement par l’activité touristique, comme le transport, l’hydraulique, le commerce, la culture, le tourisme, les services de sécurité … Cette commission a été chargée d’œuvrer à la préparation de la saison estivale et du suivi de la mise en œuvre des décisions prises pour assurer son bon déroulement.
Quelle a été la part de programme de votre département ?
Le Ministère du tourisme a eu sa part dans ce programme, notamment à travers la mobilisation des organisateurs de voyages pour la diversification de l’offre, des hôteliers à l’effet de veiller à un rapport qualité prix acceptable et la promotion également des opportunités de passer des vacances en Algérie. Il y a lieu également de signaler la désignation au niveau de chaque plage autorisée à la baignade, d’un administrateur de plage, qui fait un travail de proximité vis-à-vis des estivants afin de prendre en charge leurs doléances et veiller à leur quiétude.
En attendant la fin de la saison estivale, peut on revenir, M. le Ministre à la saison saharienne qui a connu, selon l’avis des agences de voyages et autres opérateurs, une relance incontestable. Peut-on connaitre votre appréciation à ce sujet ?
En effet je vous confirme un regain d’intérêt plus accru de la part des marchés sur l’offre touristique saharienne. Les flux enregistrés dans ces pôles entre le mois d’Octobre 2022 et Avril 2023, sont de l’ordre de 491.852 touristes enregistrés au niveau des différentes structures d’hébergement au niveau des wilayas du sud soit par rapport à la saison saharienne précédente.
Au-delà de ces chiffres, à quoi est due, selon vous, cette embellie du tourisme saharien ?
Cette embellie du tourisme saharien, comme vous le dites, n’est pas le fruit du hasard mais elle s’explique notamment par :
– La Stabilité du pays et la sécurité qui y règne ont fini par infléchir la position des voyagistes récalcitrants ;
– La confiance totale dont jouit notre pays de la part des marchés qui étaient réticents dans un passé récent.
– L’amélioration de l’image de l’Algérie grâce à son retour remarqué et remarquable sur la scène internationale, ce qui a induit par ricochet des retombées positives sur la notoriété de la destination.
– L’apport important des influenceurs nationaux et internationaux dans la mise en valeur du potentiel de la destination Algérie.
– Les mesures prises par les pouvoirs publics pour améliorer les capacités de compétitivités de la destination notamment en matière d’allégement des procédures de délivrance des visas
– Enfin, l’implication forte des opérateurs notamment du sud et la compagnie nationale Air Algérie pour donner un nouveau souffle au tourisme saharien ;
Justement le visa à l’arrivée a augmenté le taux de fréquentation des étrangers dans le sud. Va-t-il être généralisé, voire opter pour le visa électronique comme c’est le cas des grandes destinations ?
La mesure prise par les pouvoirs publics pour l’instauration du visa de régularisation (à l’arrivée), a été accueillie avec beaucoup de satisfaction par les opérateurs, aussi bien nationaux qu’internationaux, car cette problématique constituait avant la prise de cette décision un handicap certain pour l’attractivité de la destination Algérie.
Maintenant nous passons de la phase expérimentale à la phase confirmation en levant les contraintes constatées et en introduisant de nouvelles facilitations sur la base des retours d’expérience et des observations des opérateurs.
Quant au visa électronique, il interviendra forcement mais quant toutes les conditions techniques seront garanties.
La promotion de la destination Algérie se fait à travers la participation dans les salons internationaux. Quelle analyse faites-vous des différentes participations ?
A mon sens il faut aborder la problématique de la stratégie de marketing et de communication de la destination Algérie dans son ensemble car la participation aux foires et salons spécialisés n’en constitue qu’un élément parmi tant d’autres.
C’est effectivement un chantier prioritaire dans le programme de relance de la destination Algérie. Comment améliorer la visibilité de la destination ? Comment s’approprier la communication et le marketing digital ? Comment marquer les salons et foires par une participation active, productive et professionnelle ? Comment imposer l’Algérie comme la destination émergente dans le bassin méditerranéen ? Ce sont au tant de défis à relever dans le cadre du processus de positionnement durable de la destination Algérie sur les marchés internationaux du tourisme et des voyages.
L’Algérie a abrité plusieurs manifestations internationales comme les jeux méditerranéens d’Oran et les jeux panarabes ? Quel impact ont eu ces deux évènements sur le plan touristique ?
Un impact très positif, d’abord parce que ces événements ont contribué à véhiculer une image très positive de notre pays, l’image d’un pays moderne stable et ouvert sur le reste du monde, ensuite à valoriser les atouts touristiques et les richesses culturelles de l’Algérie et enfin à augmenter les flux touristiques aussi bien internes qu’internationaux.
A l’avenir, nous œuvrerons en partenariat avec des agences, institutions spécialisées, et des opérateurs à la création et l’organisation d’événementiels sportifs, culturels, écologiques, qui permettront de promouvoir la destination et de drainer plus de flux touristique.
Il y a environ 5200 ATV agrées en Algérie. La majorité travail pour le Out Going.
Ne trouver-vous pas, M. le Ministre que ce nombre est un peu excessif ?
Vous semblez me proposer d’œuvrer à la limitation du nombre des agences de tourisme et de voyages. Permettez-moi de ne pas être d’accord avec cette approche pour les raisons suivantes :
- L’ensemble des ATV travaillent dans le cadre de la règlementation en vigueur, qui impose des conditions très strictes en matière de professionnalisme et de probité pour l’obtention d’un agreement ;
- Une bonne partie de ces operateurs travaillent dans le cadre du tourisme domestique ;
- Une (01) seule agence crée en moyenne 03 emplois directs. Des postes de travail qui cible majoritairement des jeunes ;
- L’activité d’agence de voyage est une activité qui obéit aux règles de la concurrence et non aux injections de l’administration ;
Enfin le rôle du ministère consiste à accompagner le plus grand nombre possible de ces agences à s’imprégner du professionnalisme nécessaire à l’accomplissement de leurs misions y compris et plus particulièrement l’augmentation des flux vers l’Algérie, sans oublier que l’objectif recherché consiste aussi à encourager l’activité afin de créer de la richesse et non le contraire
Abordons, si vous voulez, le volet Artisanat. Quel est votre plan d’action pour améliorer les indicateurs de performance et permettre à ce secteur de jouer un rôle plus actif dans l’économie nationale ?
Notre plan d’action consiste à placer l’artisan au cœur de toutes les préoccupations. Ce plan repose sur les principaux axes suivants :
– Le développement de plans de formation afin d’améliorer constamment les acquis dans les domaines de la création et de l’innovation, du management et de l’entreprenariat ;
– La modernisation de l’organisation et du management des structures et institutions en charge de l’artisanat ;
– L’adaptation du produit de l’artisanat aux normes de qualité internationale par le biais de la certification et de la labellisation ;
– La professionnalisation de l’action de promotion et de marketing notamment en ce qui concerne la participation aux manifestations spécialisées ;
La numérisation du secteur est une priorité. Ou en est cette opération ?
En effet, la numérisation constitue, pour le secteur du tourisme et de l’artisanat une priorité absolue car nous restons convaincus que sans une démarche volontariste dans ce domaine, le secteur ne pourra pas entrer dans le domaine de la modernité et de la performance.
Aujourd’hui, le traitement de tous les dossiers liés à l’investissement et aux agréments des agences de tourisme et de voyages, se fait désormais grâce à des plateformes numériques spécialisées. Nous ne comptons nous en arrêter à ce niveau, puisque ce volet sera élargi également à la gestion des ZET (zones d’expansion touristique) la formation sans oublier l’activité de l’artisanat.
La presse spécialisée et un des maillons essentiels pour la promotion de la destination Algérie. La considériez-vous comme un partenaire ou un simple canal de diffusion de l’information er des communiqués de presse ?
La presse spécialisée est pour nous non pas seulement un partenaire incontournable mais un acteur significatif dans le rayonnement de la destination Algérie. Au-delà de son rôle d’information, nous considérons la presse spécialisée comme une vitrine de la destination et un outil de formation indispensable pour les opérateurs.
D’ailleurs je profite de cette occasion pour féliciter votre magazine pour le professionnalisme dont il fait preuve et son apport pour la mise en valeur de la destination Algérie.
Le mot de la fin M. le Ministre
Je souhaite consacrer le mot de la fin à tous les intervenants dans la chaine touristique, d’abord en leur faisant part de notre reconnaissance pour les efforts déployés à l’effet de contribuer à la relance effective du tourisme national et en les exhortant a faire preuve de plus d’initiative, de créativité, d’innovation et de rigueur au service de la mise en tourisme de notre pays.
Je lance également un appel aux investisseurs potentiels pour qu’il s’intéresse davantage à un secteur prometteur qui offre des opportunités d’affaires immenses.
Pour notre part, moi et mon département Ministériel restons, bien entendu, à l’écoute des préoccupations des opérateurs et acteurs du secteur et ne ménagerons aucun effort pour les accompagner et soutenir toutes les initiatives qui vont dans le sens du développement de notre tourisme.
